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Comment remédier à l’exclusion scolaire ?

Article de La Libre et de La DH du 10 mars 2018, dans lequel je propose quelques pistes de réflexion sur ce sujet.

Comment remédier à l’exclusion en milieu scolaire

Abonnés Justine Leupe Publié le – Mis à jour le

Magazine Un enfant qui est mis à l’écart l’est toujours pour une raison. En parler avec lui afin qu’il se remette en question peut être une solution.

L’exclusion à l’école est un phénomène fréquent, qui s’observe dans toutes les classes mais qui est plus marqué chez les dernières années primaires. Les enfants sont cruels ! « Je remarque que lorsque des enfants arrivent en milieu d’année et qu’ils parlent une autre langue, c’est très dur pour eux de faire leur place », explique Sophie, institutrice en 5e primaire. « Il y a la curiosité des premiers jours mais ça va rarement plus loin. Une petite Albanaise est arrivée dans ma classe, elle parle français mais avec un accent et les autres enfants ne sont pas toujours sympas avec elle. Quand elle doit aller au tableau, elle est souvent stressée, certains élèves vont vite avoir un sourire. Alors qu’elle est extra. »

Pour éviter ces moqueries et qu’un enfant soit mis de côté il faut en parler au sein de la classe comme le fait cette institutrice. « Si on se moque d’un enfant en particulier, l’instituteur ne doit pas hésiter à dire ‘ Allez maintenant, on se moque de tous ceux qui ont du rouge sur eux. ’ Il faut faire comprendre aux autres enfants qu’être moqué, ce n’est pas chouette » , explique Soline d’Udekem, psychologue pour enfants et adolescents. Et puis c’est toujours plus facile de juger quelqu’un que d’essayer de le comprendre. « Je trouve que cette petite Albanaise est un peu différente mais sa culture n’est pas la même que la nôtre. Lorsqu’elle discute avec les autres élèves, elle ne connaît peut-être pas les mêmes chanteurs, elle n’a pas les mêmes références donc ce n’est pas facile pour elle », raconte Sophie. 

La meilleure solution reste d’en discuter. Et plein de petits exercices existent. « Un bon exercice en classe, c’est de, par exemple, une fois par semaine, mettre une boîte où les élèves peuvent glisser des petits mots où ils expliquent leur ressenti de la semaine. Et puis prendre du temps pour en discuter, faire un conseil de classe », conseille Soline d’Udekem.

Ces moqueries ou rejets vis-à-vis d’un autre élève sont moins fréquents chez les petits. Les jeunes enfants sont plus facilement copains avec tout le monde et changent de meilleur ami d’une semaine à l’autre. « Dans ma classe, j’ai un enfant autiste, les petits de première vont facilement dire,  » Oh ! Il est bizarre « , mais il n’y a pas de méchanceté dans leurs paroles. Ils sont conscients que cet enfant est différent et ils sont aux petits soins avec lui », explique Florence, institutrice en 1ère primaire. « Et si je vois que cet enfant est tout seul dans la cour de récréation, je vais dire à ses camarades d’aller avec lui et ils vont y aller. En 1ère primaire, ils m’écoutent assez bien. » Les jeunes enfants vont plus facilement dire tout haut ce que les grands pensent tout bas ou le disent dans le dos des autres. Ce qui exclut d’avantage un enfant.

Comment savoir si son enfant est exclu ?

« Le plus facile, c’est lorsqu’on demande à l’enfant d’inviter des amis pour son anniversaire et qu’il ne sait pas donner de noms. Ou alors quand on lui demande,’ Qui sont tes amis à l’école ? ’ et qu’il cite toute sa classe. Mais ce ne sont pas ses amis ça, c’est toute sa classe », explique notre psychologue. Si l’enfant part tous les jours à l’école en ayant mal au ventre, c’est un signe qu’il ne se sent pas bien dans son environnement scolaire. Mais il faut savoir que si un enfant est seul, c’est qu’il y a une raison. Il est peut-être timide ou il peut, par exemple, vite juger les autres et devenir agaçant pour les autres élèves. En tant que parents, il est important de ne pas systématiquement poser son enfant en victime. « Il faut bien sûr regarder au cas par cas, mais il arrive qu’il n’y ait aucune remise en question de l’enfant exclu. Les parents ne doivent pas consolider l’idée que leur enfant est une victime. Ils doivent se dire qu’il doit peut-être lui aussi se remettre en question et pas que les autres élèves », conclut Soline d’Udekem. L’exclusion au sein du milieu scolaire est un sujet complexe dont il faut se préoccuper dès le plus jeune âge pour éviter de faire des dégâts lorsque l’enfant sera adolescent. La vigilance doit être présente du côté des enseignants mais également de la part des parents.

Justine Leupe

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