Article de La Libre (supplément « Quid? ») et de La DH du 26 mai 2018, dans lequel j’ai donné mon avis. Vous trouverez, ci-après, la version complète de l’article.
Pourquoi l’enfant veut-il toujours s’accrocher à ses parents ?
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Un enfant joue paisiblement dans le salon, sa maman est à deux mètres, elle lit tranquillement sur le canapé. Tout va bien. Jusqu’au moment où elle se lève pour aller chercher un verre d’eau. Directement le petit bonhomme, pas plus haut que trois pommes, se met à pleurer et à la réclamer. Situation classique que tous les parents ont au moins vécue une fois dans leur vie. C’est bien simple, pour l’enfant, l’adulte est un vrai repère. Lors de sa naissance, l’humain est un des seuls mammifères à être inachevé et très immature. Il dépend totalement de ses parents. Il est donc programmé pour s’agripper à l’adulte. Et cette proximité avec le parent n’est pas un caprice ou une envie soudaine.
« La grosse différence, c’est qu’avant un an et demi être câliné est un besoin primaire (comme manger et boire) pour un enfant. C’est seulement après que les câlins deviennent affectifs, ils sont là pour donner de l’amour », précise Soline d’Udekem, psychologue pour enfant. Lorsque l’enfant se sent un peu perdu, son corps se met en situation d’alarme et directement son système d’attachement se met en place, expliquait dans les années soixante le psychanalyste anglais John Bowlby. Par exemple, si un petit bout joue dans le jardin, il ne fait pas attention et tombe. Rien de dramatique mais il va instinctivement se mettre à pleurer, voir même hurler. La mère ou le père arrive, le rassure en le serrant contre lui, directement, l’enfant se calme. Lorsqu’il est tombé, son corps s’est mis en état d’alarme et son système d’attachement s’est actionné. Il a alors appelé ses parents à l’aide. La proximité avec l’adulte lui a finalement permis de se sentir mieux.
Vouloir que son enfant devienne trop vite autonome ne sert à rien. Avant deux ans, il aura besoin des bras ou des genoux de l’un de ses deux parents pour se sentir sécurisé. Et puis, pleurer lorsque le parent s’éloigne est aussi pour le bébé une manière de tester l’attachement des parents. « L’enfant va pouvoir voir si papa ou maman sont toujours là pour lui. C’est aussi une manière pour lui de se rassurer. »
À chaque âge son besoin d’affection
« À chaque stade l’enfant va avoir besoin d’affection pour différentes choses. Vers dix mois l’enfant a besoin d’être rassuré ; il peut être inquiet face à des étrangers. Il peut même devenir possessif, avoir souvent besoin de bisous ou câlins », explique la psychologue. Vers un an et demi, deux ans, l’enfant à ses premières peurs ; il est effrayé par les monstres, les fantômes,… Encore une fois si le bambin à besoin de s’accrocher à ses parents, c’est pour s’apaiser.
Et c’est entre dix-huit mois et deux ans que l’enfant à besoin de prendre son autonomie. Il va partir explorer ce qui l’entoure en se souciant un peu moins de ses parents. Mais le câlin continuera d’être une demande. « Donner des câlins, c’est très bien. Le tout c’est d’être stable. Si le parent en fait tout le temps et que du jour au lendemain il arrête, l’enfant ne va comprendre. Et le principal, c’est que les parents se fassent un peu confiance. S’ils ont envie de donner beaucoup d’affection, ce ne sera jamais mauvais », rappelle Soline d’Udekem.
Il n’y a pas besoin de doser les câlins, la meilleure solution est de suivre son instinct. Et il ne faut par prendre un enfant dans ses bras à contrecœur. « L’enfant est une vraie éponge, donc il le sentira toute suite. Il faut aussi pouvoir dire à son enfant ‘Oui je t’aime mais on ne va pas faire un câlin maintenant’. « Avec ces mots, l’enfant comprendra qu’il est aimé mais que le parent n’est pas disposé à lui donner un câlin au moment où il le demande. »
Et ce que les parents doivent comprendre est que, ce n’est pas parce que l’enfant demande et reçoit beaucoup d’affection qu’il ne sera pas autonome plus tard. « Il faut aussi savoir qu’avant six ans, pour l’enfant, c’est dur de gérer ses émotions tout seul. » Elles vont devoir en partie être canalisées par les parents, que ce soit de la tristesse, de la colère ou même de la joie. Si vous voulez câliner et profiter des ces petits moments de douceurs avec votre marmot, ne vous privez pas.
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